C'est un héros au visage poupin. Un aventurier d'un temps qu'on croyait disparu. Le mensuel Voiles et Voiliers l'a surnommé «le Petit Prince». A 25 ans, il s'est lancé dans un périple normalement réservé aux briscards. De février à août 2010, il a sillonné les flots - mer Rouge, océan Indien, canal de Suez - du Bangladesh à La Ciotat, sur un improbable bateau construit de ses mains. Le bonhomme s'appelle Corentin. A cet âge, on n'a pas de nom : tout le monde l'appelle «Coco». Quand il a pris le large, sa connaissance de la voile se résumait à de petits ronds dans l'eau à bord d'un Optimist. C'est dire qu'au moment de partir, beaucoup ont regardé avec circonspection ce «barge» se jeter à la mer.
Son bateau, un prototype de 9 mètres, alliage de fibre de verre pour 60 % et de jute pour 40 %, Coco l'a baptisé Tara Tari. Un nom qui fait penser au Kon-Tiki, ce radeau qui dériva du Pérou à la Polynésie avec des Norvégiens un peu fêlés, en 1947, pour une expérience scientifique. Ado, Coco s'est endormi avec la prose d'Henri (de Monfreid) et d'Antoine (de Saint-Exupéry). Et puis, il a fait des études. Diplômé de l'Institut des arts et métiers de Nantes, il a décidé de passer aux travaux pratiques.
Coco, devenu grand, c'est Corentin de Chatelperron, ingénieur amoureux des horizons lointains, qui s'est pris de passion pour une fibre cultivée au Bengale par quatre millions de familles d'agriculteurs. Un type qui a décidé de montrer que le jute peut serv