Il vote Nicolas Sarkozy, elle vote François Hollande, peuvent-ils rester ensemble ? Ils s'écharpent sur le Front national, vont-ils aller jusqu'à la rupture familiale ? De quelle manière la politique s'invite-t-elle dans les alcôves, à la table du dîner, ou dans les réunions de famille ? D'ordinaire, les politologues étudient volontiers comment les individus, à travers le vote ou l'abstention, les manifestations, le militantisme, investissent la scène politique. «Le trajet inverse est moins exploré», expose la sociologue et politologue Anne Muxel, chercheuse au CNRS-Sciences-Po.
On s'intéresse moins à la façon dont le politique s'immisce dans l'intime. Auteur de Toi, moi, et la politique. Amour et convictions, (paru en 2008 au Seuil), Anne Muxel aime s'y attarder. Elle a présenté lundi soir au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences-Po) une enquête inédite, menée auprès de 1 908 personnes, au mois de juin et de juillet, sur le thème «Familles, amour, amis, et politique». Aujourd'hui, presque un Français sur deux reconnaît que ses choix politiques occupent une grande place dans ce qui le définit.
La politique est-elle un sport familial ?
Pas étonnant que la politique débarque dans les foyers. 58 % des sondés disent s'intéresser «beaucoup» ou «assez» à la politique. Une tendance marquée surtout chez les hommes, et les personnes les plus âgées. La politisation est également plus marquée à gauche qu'à droite. Elle est aussi