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Profils de femmes à l’heure de l'abandon

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Une sociologue de l’Ined a enquêté auprès de mères ayant accouché sous X. Plutôt jeunes, elles évoquent souvent la relation au père du bébé pour expliquer leur geste.
Les avocats des grands-parents du bébé né sous X, qui ont obtenu sa garde par une décision de la Cour d'appel d'Angers, ont estimé mercredi que l'enfant avait "besoin de sérénité", soulignant qu'il était de son intérêt "de mettre fin (au) tapage médiatique". (© AFP Didier Pallages)
publié le 7 décembre 2011 à 0h00

On les appelle les «mères de l'ombre» ou «les mères de naissance». Elles choisissent d'accoucher «sous X», dans le secret. En 2009, elles étaient 680. Ce chiffre est en augmentation. On sait peu de chose d'elles et de ce qui les a conduites à mener leur grossesse à terme. Qui sont-elles ? Pourquoi abandonnent-elles leur enfant ? Ont-elles un profil type ?«Nombre de stéréotypes circulent sur elles : femmes très jeunes, violées ou victimes d'inceste, totalement démunies économiquement et socialement, exposées au rejet familial et communautaire», expose Catherine Villeneuve-Gokalp, chercheuse à l'Ined, l'Institut national des études démographiques (1). Pour mieux les connaître, elle a piloté entre juillet 2007 et juin 2009, une enquête dans 83 départements auprès des correspondants du Cnaop, le conseil national pour l'accès aux origines personnelles, en utilisant un questionnaire entièrement anonyme. Une mine, inédite. Même si les femmes n'ont pas tout révélé de leur intimité : dans 28% des cas, les raisons de «la remise de l'enfant» ne sont pas indiquées.

Au final, 14% des enfants nés sous X sont repris par leur mère (dans un délai légal de deux mois). Pour les autres, près de la moitié se trouvera dans l’impossibilité de connaître l’identité de celle qui les a mis au monde.

Qui sont-elles ?

Les mères de naissance ont 26 ans en moyenne. C’est quatre ans de moins que la moyenne nationale des accouchées. Un peu