Marine T., 37 ans, enseigne l'anglais dans un collège difficile de Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Un établissement Eclair (écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite) censé renouveler les ZEP (zones d'éducation prioritaire) et autres collèges «ambition réussite». Nous publions aujourd'hui le troisième volet du journal de bord qu'elle tient pour Libération.
Jeudi 3 novembre
Après les vacances de la Toussaint, la reprise. Je me suis assurée encore plus que d’habitude d’être au point. Une liste de douze petites activités pour ne surtout pas leur laisser croire que les choses ont changé en dix jours. Avec les élèves de mon collège, c’est souvent le cas. Tout est à refaire, encore… Il ne faudrait pas qu’ils aient oublié que non, on ne bavarde pas, non, on n’insulte pas, oui, il faudrait éviter de mettre un coup à son voisin, non, on ne se fait pas tomber violemment dans les escaliers. Et non, on ne parle pas mal à son professeur d’anglais. Bilan de cette reprise : six heures de retenue données. J’étais pourtant contente de les retrouver.
Week-end du 5
C’est mon anniversaire. Mes collègues m’ont préparé une surprise. Ils sont devenus bien plus que des collègues, ce sont des amis. Tous embarqués dans le même navire que nous devons garder à flot coûte que coûte. Oui, les profs se voient «en dehors», et dans ces moments-là, nous sommes bien loin de notre «galère».
Lundi 14
Ce matin, je suis très motivée ! Je me sens gonflée d’une énergie incroyable et très positive. En m’approchant de la por