Cela faisait un moment qu’on échangeait sur le vin, régulièrement, par téléphone. Sur les millésimes, les syndicats d’appellation, le climat… J’avais envie de rencontrer ce type, faut dire que j’aimais bien ses vins. Surtout une cuvée de blanc sec, Effusion, florale et parfois mielleuse, avec au nez quelque chose évoquant certains tabacs. L’autre soir, on a fini par faire connaissance. Patrick Baudouin était invité à Lyon pour un dîner autour des liquoreux et après un apéritif sur la petite arvine de la Suissesse Marie-Thérèse Chappaz, le chef avait préparé des Saint-Jacques safranées sur un riz noir de Camargue. Là-dessus ? Les Bruandières 2004, un terroir volcanique, de Patrick Baudouin. J’ai eu l’impression de retrouver ces notes si particulières de tabac, de feuille séchée, dans un vin frais, sans lourdeur. Depuis dix-sept ans, Baudouin vinifie sans chaptaliser. Il recherche la concentration naturelle du fruit.
Ses grands-parents faisaient du vin dans l'Anjou avant que la famille émigre en région parisienne. Patrick a fait des études d'histoire, fréquenté la fac de Nanterre à la fin des années 60, était mao, s'est établi à l'usine, chez Kodak. Il y est resté douze ans. Puis, l'usine a fermé avant que la révolution soit arrivée. Alors, il a travaillé au rayon littérature générale d'une librairie engagée, rue de Belleville, à Paris. Avant de retourner en Anjou, «faire quelque chose par [lui]-même». Sans culture du vin, il a repris le domaine des grands-parents, co