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Ah ! le petit lin blanc

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Tradition . A l’occasion du mois du linge à prix cassé, tour de piste d’une couleur dont la symbolique va de la naissance à la mort, en passant par l’oie et l’endive.
publié le 31 janvier 2012 à 0h00

Janvier, mois des soldes et mois du blanc, expression mystérieuse pour désigner le linge de maison à prix cassé. Une tradition lancée par Aristide Boucicaut, le grand homme du grand magasin (le Bon Marché, modèle du Bonheur des dames de Zola) qui eut l'idée de génie il y a un siècle et demi, un jour de neige dans la rue de Sèvres, de diminuer les prix de certains articles et en particulier du linge de maison, pour inscrire les achats d'après les fêtes dans un mouvement joyeux de fiesta commerciale permanente. C'est le plus gros chiffre d'affaires de l'année, un bien joli coup à l'époque.

Mais à quoi renvoie le blanc, à part ça ? Quelle est la symbolique de cette couleur (ou non-couleur), entre celle des fantômes, des robes de mariée, de l’innocence, de l’hygiène ? Quelques pistes avec Annie Mollard-Desfours, ingénieure de recherche au laboratoire «Lexiques, dictionnaires, informatique» du CNRS, présidente du Centre français de la couleur (1), auteure des dictionnaires le Bleu, le Rouge, le Rose, le Noir… et le Blanc donc (2). A paraître en avril, le Vert : tout un programme (pré-élections ?). Retour sur cinq tranches de blanc.

L’anticrasse du corps

Le linge était autrefois blanc, pour des raisons techniques de simplicité de lavage, et pour des raisons symboliques, morales : seul le blanc (et non la couleur) était autorisé à toucher le corps. Changer de linge est la première règle de la propreté, et, au XVIe et surtout au XVIIe siè