«Mais madame, y a pas que moi qui bavarde…» ; «Quoi ? Mais je bavarde même pas, je parle du cours !» Ainsi répliquent des lycéens pris en flagrant délit de papotage. Professeure de philosophie du côté de Bordeaux, Florence Ehnuel, 45 ans, a choisi de consacrer un livre (1) à ce qui pourrait ressembler à un sujet mineur : le bavardage à l'école. «Personne n'en parle», dit-elle avec humour. Comme si le problème n'en était pas un. Comme si le prof qui décidait de partir en croisade contre le bavardage était fatalement réac. C'est plus subtil, assure Florence Ehnuel. Elle pose le cadre : «En classe, le silence est exceptionnel. Les élèves parlent quand ils s'ennuient et parlent aussi quand ça les intéresse… Bref, ils parlent tout le temps.» Mais l'enseignante en est convaincue : «Même s'il n'est pas irrespectueux ou agressif, le bavardage nuit aux apprentissages.» Défaut de concentration et donc déperdition de contenu. Loin de dénoncer une «fabrique de crétins», Florence Ehnuel préfère rappeler qu'on avait autrefois plus de scrupules à l'ouvrir à tout bout de champ. Et interroge une société bruyante où, des salles de mariage bavardes même au moment du oui, jusqu'aux amphis où l'on forme les profs, le bruit de fond est permanent. Entretien.
Etes-vous nostalgique d’une époque où l’on devait écouter religieusement son prof ?
Certainement pas. Je ne rêve pas d'une classe bouche bée d'admiration, ou tellement effrayée par mon autorité qu'elle n'oserait piper mot. Mais je note que les élèves ne font plus la différence entre penser e