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Libération

Un fleurie pour faire le tour du pâté maison

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publié le 17 février 2012 à 0h00

Il y a des jours comme ça, vous vous sentez d'humeur maussade, le goût à rien. Heureusement cette fois-là, un petit livre arrivé la veille patientait sur une table. L'Anthologie du pâté en croûte (1) d'Emmanuel Giraud, artiste et journaliste croisé quelques mois plus tôt dans un colloque sur les cépages rares. Quelques minutes à picorer quelques morceaux, histoire de se faire une idée de l'intérêt. Puis, l'ouvrage paraissant prometteur, un petit passage à la cave pour remonter un fleurie sans façon, cuvée vieille vigne du domaine de La Madone, dans le Beaujolais. Un bon tour de verrou pour ne pas être dérangé, plongeons dans le pâté.

Rangée en quatre chapitres (la farce, l'excès, le merveilleux et l'effroi), l'anthologie propose douze récits, tour à tour croquants ou fondants, gourmands ou inquiétants. Cela flirte avec l'absurde et avec la (bonne) chair pour comprendre ce qui se cache lorsqu'on casse la croûte. Qu'y a-t-il dans la farce, et en celui qui farcit ? Les saynètes s'accompagnent de recettes, et la première est un vrai poème, écrit par la maman de Brillat-Savarin. «Ayez une noix de veau, deux perdreaux rouges, le râble d'un lièvre, un poulet, un canard, un filet de porc et deux ris de veau blanchis…»

Tout de suite, le moral a commencé à revenir. Au fil des pages, les énumérations absurdes rappellent Vian et Prévert. On s’attarde dans la cuisine d’Emmanuel Giraud, ce disciple déchu de Debord, qui avait déserté les lettristes pour le corton-renardes e