C'est lui qui le dit, avec son délicieux accent belge, ce bouquin-là, c'est une «brique». Oui, une brique de plus 650 pages, un chantier de plusieurs années, un dictionnaire qui fait le tour de «2 500 noms propres devenus communs», avec une minutie de moine (1). Celle de Georges Lebouc, 75 ans, fondu de linguistique, qui voilà cinq ans déjà nous régala avec un ouvrage grinçant, Parlez-vous le politiquement correct ?
Cette fois, point d’euphémismes, mais une myriade de noms propres, dont nous usons, souvent à notre insu. S’il est largement su que le mot «poubelle» vient du nom d’un préfet de police, la guillotine du docteur Guillotin, ou le camembert d’un village éponyme de l’Orne, sis près de Vimoutiers, ça se corse savamment, quand de baldaquin il s’agit. Alors, il vient d’où le baldaquin ? De Bagdad (mot déformé par les Italiens en Baldacco), célèbre pour ses tissus précieux, qui au Moyen Age servaient à décorer les trônes des souverains. Rien à voir avec la mousseline, issue de Mossoul, autre ville irakienne, réputée dans l’Antiquité pour son coton. Dans un registre tout autre, combien d’habitants de Corbeil savent-ils que le corbillard doit son nom à leur ville ? Quels amateurs de roberts, terme argotique employé pour les seins, mesurent que Robert fut une marque de biberons ? Et qui voit encore le rapport entre Croate et cravate, accessoire emprunté vers 1670 à la tenue des cavaliers de cette région ?
Dans son dictionnaire, sans doute le plus complet par