Je n'avais pas envie de l'écrire, cette chronique. Débordé, pas d'idée. Alors j'ai appelé ma cheffe pour essayer de lui faire pitié, lui dire que j'étais noyé de boulot. Elle m'a répondu gentiment qu'elle comprenait, mais que comme il n'y aura pas de chronique la semaine prochaine, c'était peut-être brutal comme sevrage. Elle sait me parler, ma cheffe. En raccrochant, je savais que j'écrirai, mais sans savoir sur quoi. J'allais descendre à la cave quand on a sonné. Un copain qui passait. Il a fait le cobaye sur l'un des petits blancs que je préfère. Un auxerrois du Domaine des Fossiles dans le Brionnais (Saône-et-Loire). Au XIXe, il y avait 4 000 hectares de vignes là-bas. Les crus se vendaient bien, surtout du côté de Nantes. Puis le phylloxera a tout embarqué. Quand Jean-Claude Berthillot a trouvé une petite maison de campagne à retaper, on ne faisait quasiment plus de vin dans le coin. A peine cinq ou six hectares. Lui vivait de la voile, dans les Antilles. C'est marrant comme cela revient souvent ces histoires de marins qui deviennent vignerons. Peut-être une attirance pour les racines, une fois qu'on jette l'ancre à terre ? Ou pour la solitude, quand le vigneron se redresse en plein travail, au milieu d'une mer de ceps ?
Jean-Claude s’y est mis au début des années 90. La légende dit qu’une bouteille de 1959 lui aurait prouvé qu’il y avait là un terroir. Le conseil régional cherchait alors à relancer le vignoble, il s’est fait financer une formation, a repris u