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Libération

Le biscuit, craquante madeleine

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Tu mitonnes . Chaque vendredi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui : un gâteau au petit-beurre pour un anniversaire qui passe mal.
publié le 30 mars 2012 à 0h00

«Vas-y Bébert, monte le son», qu'il nous a dit, le Grand, quand on a allumé l'autoradio de sa vieille BM 2002. On ne s'est jamais appelé «Bébert» mais on sait que quand le Grand nous nomme ainsi, c'est qu'il «mène les bœufs», comme il dit. Comprenez : il a du vague à l'âme, le blues qui lui chatouille l'affectif, la mélancolie qui campe dans les méninges. Mais comme ce n'est pas un super communicant, le Grand, il ne faut pas compter sur lui pour se mettre dare-dare à table. Chez lui, il faut que ça marine, que ça rumine l'intime pour qu'il finisse par vous en dévoiler une tranche. Mais avant, il faut accepter de le suivre en virée. Parce que le Grand a la bougeotte quand il décabanne du ciboulot. Il faut qu'il racle du bitume, qu'il astique du zinc, qu'il dorme à la belle, qu'il discute le bout de gras avec de nouveaux zigues pour s'aérer l'humeur, se fluidifier la bile, se détendre les zygomatiques.

Alors, quand il se pointe avec la BM, on sait à quoi s’en tenir. Faut qu’on prépare le paquetage avec la bouteille d’Hépatoum, le surin pour les casse-croûte, les CD d’Alice Cooper et de Led Zep pour radoter et le thermos de café pour ne pas finir d’équerre dans une épingle à cheveux.

On se case dans la BM avec respect, parce que le Grand il la bichonne comme une blonde d'Aquitaine pour le Salon de l'agriculture. Et que je l'astique, que je la polishe, que je la lustre. Même les tapis de sol sont aussi précieux que des tapis de prière. Faut dire qu'elle a de la g