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Libération

Le chiroubles aime les cochonneries

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publié le 30 mars 2012 à 0h00

Mes premières amours avec le chiroubles remontent au milieu des années 90. Ça se passait souvent le midi, dans un bistro discret près de République, à Paris. On se retrouvait au déjeuner, ce vin aimait les cochonneries (saucisson, pied de cochon), moi aussi. Puis les liens se sont distendus. On s’est retrouvés un soir, à Lyon, des années plus tard. Je venais de découvrir l’andouillette à la fraise de veau, une autre histoire d’amour. Un ami m’avait conduit tard dans un établissement honorable, Chez Marcel, où le gratin d’andouillette m’avait fait les yeux doux. Un pot de chiroubles fut témoin du coup de foudre.

Le lendemain, je suis revenu déjeuner, tout seul, et goûter l’andouillette juste grillée, avec le même chiroubles. Puis j’ai perdu ce vin de vue. L’andouillette aussi. Car au début des années 2000, la fraise de veau a été interdite. Un vrai drame. Un boucher de la Croix-Rousse a continué, dans les premiers temps, à m’en vendre sous le manteau. Douze ans, il y a prescription. Mais il n’y avait plus de fraise dans les andouillettes. Alors, bien sûr, j’ai trompé l’ennui quelques fois, avec d’autres andouillettes. Mais d’aventure en aventure, jamais encore, je vous le jure, je n’ai pu oublier le fondant de la fraise de veau. Jusqu’à l’autre jour.

J’étais en balade dans le Beaujolais, pour rendre visite à Gilles Paris, président des crus de la région et vigneron à Chiroubles. J’avais hâte de retrouver l’appellation. La route passant par Villié-Morgon, je me suis arrêté chez