Je descendais les escaliers à tâtons. Le patron, radin, avait encore éteint la lumière. Ma main a frotté le mur de briques creuses pour rencontrer l’interrupteur. J’ai attendu quelques secondes avant de le tourner. J’étais troublé. La cliente venait de quitter le resto, laissant ce pauvre Didier tout penaud avec son addition. Il était revenu au comptoir me dire que le client voulait un cognac hors d’âge. Ici, je fais office de sommelier et franchement, d’habitude, je suis à peu près incollable. Mais cette fois, j’étais pris en faute. Je n’en avais plus, du cognac hors d’âge.
Comme l'homme voulait aussi se consoler avec un pudding façon Titanic (un vieux classique de la maison, lire recette ci-contre), je suis descendu à la cave voir ce que je pouvais bricoler. La lumière du vieux néon était assez douce. J'ai cherché dans les recoins les plus sombres. Mes pieds crissaient sur le gravier. J'espérais trouver une vieille solera du sud de l'Espagne pour lui remonter le moral. Mais je suis tombé sur autre chose. Un vieux vieux rivesaltes ambré du domaine de Rancy, celui de Verdaguer, en Roussillon. Un vin doux naturel dont l'humidité avait mangé en partie l'étiquette, emportant le millésime. C'était exactement ce qu'il fallait. Pour ce dessert, et pour cette histoire de bistrot si belle et si triste, un peu usée. Verdaguer fait vieillir son rivesaltes (maccabeu et un peu de grenache) dans de très vieilles barriques, plus que centenaires. Il le laisse s'évaporer tout doucem