Le maquereau n’est pas un poisson. Le maquereau est un monument du goût, une liturgie culinaire, un art de vivre et Monsieur Maurice, dit Momo, est tout à la fois le servant, le héraut et le plus fieffé cuistot de ce poisson bleu.
La première fois que l’on a croisé M. Maurice, c’était un jour de grosse bise et de nuages bas où l’on s’emmerdait à cent sous de l’heure dans une caisse de location qui avait dû servir de mulet dans une autre vie tellement elle était poussive. On n’en finissait pas de se pincer pour ne pas s’endormir sur une nationale monotone comme ses dos-d’âne. Au rond-point, à l’entrée d’une zone commerciale, on bifurqua vers un centre-ville improbable. On vous épargnera le nom de cette riante sous-préfecture située, disons, dans un triangle Rennes-Strasbourg-Clermont-Ferrand, où les orées des villes sont d’affreuses zones grises peuplées de panneaux publicitaires quatre par trois, de chefs-d’œuvre de la construction métallique hébergeant grandes surfaces, solderies et autres jardineries sous verre. Le commerce de centre-ville, du moins ce qu’il en restait, était à l’aune de cette mise en bouche périphérique, avec la dictature du copié-collé franchisé régnant en maître sur LA rue commerçante : en veux-tu, en voilà, de la parfumerie et du bazar clonés, du prêt-à-porter formaté, de l’opticien répliqué… On se consola à la vue d’une magnifique quincaillerie décatie recelant les trésors que l’on aimait : hachoir à main, saloir en grès, épluche-légumes pour gaucher e