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Libération

D’un vouvray à l’autre, chenin faisant

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publié le 17 mai 2012 à 19h36

La commande est arrivée l’autre soir. On s’était groupés à quelques-uns pour acheter du vouvray de chez François Pinon, ancien psychologue qui fait à présent des vins secs, moelleux et demi-sec délicieux. Dans le salon, les cartons empilés me faisaient de l’œil. Et comme le vigneron avait eu la bonne idée de glisser quelques bouteilles en plus, à déguster ensemble, on s’est improvisé un casse-croûte à trois, mercredi soir, histoire de goûter cinq vins, se faire une idée horizontale de la patte du domaine.

Le premier vin était un sec de 2010. Une robe pâle, un nez encore discret de pomme verte, juteuse. De «nèfle» a dit Vincent, «exotique» a ajouté Alexis. Du chèvrefeuille aussi, et de la réglisse. Mais le tout sans exubérance, comme une toile de fond olfactive sur laquelle chaque touche se détacherait légèrement, à tour de rôle, à mesure de l'aération. En bouche, un régal strict et vif. Une acidité rectiligne qui portera le vin, lui donnera longue vie. 2010 est un très beau millésime pour les blancs de Loire. La vivacité de 2008 et la maturité de 2009, ou presque. Ensuite on a ouvert les deux demi-secs, toujours 2010, sur des fromages de chèvre. Le premier, les Trois Argiles, séduisait tout de suite. De la pierre à fusil, du citron, de l'exotique, avec quelque chose de légèrement acidulé sur la langue. Le second, Silex, était pour l'instant beaucoup moins expansif. Un peu de réduction (le contraire de l'oxydation : le vin est fermé, replié sur lui