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Libération

Cyberbêtise contre vrai casse-croûte à Cambrai

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Tu mitonnes. Chaque vendredi, réveil des papilles et passage en cuisine. Aujourd’hui, une randonnée gourmande dans les rues commerçantes de la ville du Nord au lendemain d’un dîner entouré de geeks mal élevés.
publié le 24 mai 2012 à 19h26

On débarque à Cambrai, sous-préfecture du Nord, capitale de la bêtise (le bonbon), un soir de temps indécis. On a doucement les crocs tandis que monte dans les étages de l’hôtel (1) un fumet agréable de popote domestique. Dans la salle à manger, il y a deux couples visiblement d’outre-Manche qui dînent, sages comme le chaland de Fortnum & Mason. Ça, c’est pour la bonne bouche. Parce qu’il y a également deux représentants de cette espèce de malotrus en pleine expansion qui menacent de transformer la plus paisible cantine en cybermangeoire.

Passe encore qu'on doive se fader la FM et Last Night a DJ Saved My Life en attaquant les hors-d'œuvre. C'est limite supportable quand la soupe est bonne. Mais ce qui ne l'est pas, ce sont ces goinfres de l'écran et du clavier, casque sur les oreilles, qui s'attablent - ni bonsoir ni merde - en dévorant le sacre de François II sur leur smartphone tout en pianotant sur leur PC, fourchette en main. C'est vrai, quoi, on n'est pas dans une usine à poulets panés à l'ambre solaire ou dans un garage pour mangeurs de steaks hachés prémâchés.

Même déguisé en huron ou en adhérent de l’UMP, le personnel de salle n’existerait pas davantage pour eux. On aimerait être un serveur facétieux pour glisser sur leur assiette un étron, une fricassée de sauterelles. On est sûr qu’ils n’y verraient que du feu jusqu’à la première bouchée, tant nos cybermangeurs sont spammés du bulbe quand ils se mettent à table.

Convivialité. Dans ces condit