La première fois, j’avais croisé Emile Heredia en buvant son Boisson rouge, un délicieux pétillant des coteaux du Loir. On avait discuté, j’avais aimé la simplicité un peu gauche du garçon, la fraîcheur de son gamay récolté en surmaturité, avec un sucre relevé par l’acidité et les bulles. Mais l’autre soir, c’est une cuvée différente qui m’a intéressé. Il fallait accompagner des carottes finement déglacées dans un peu d’eau, de sucre, de sel. Pas simple. Un pineau d’aunis 2006 d’Heredia a emporté l’affaire.
J’ai souvent été intrigué, dérouté, par ce curieux cépage, pas vous ? Il donne des vins pâles et des goûts souvent trop végétaux, très épicés. Là c’était vraiment bon. Une pointe de ronce au nez, puis une jolie matière, acidulée, quelque chose qui vous prend toute la bouche et vous la rend toute fraîche, merci. Une autre bouteille, de 2009, était moins convaincante. Mais comme il en restait la moitié, je l’ai rapportée à la maison. Le lendemain, c’était devenu bon. Le vin à la robe si pâle restait en place, solide au poste. J’ai appelé le vigneron.
Emile Heredia a d'abord été photographe (Paris Match, JDD…) de 18 à près de 40 ans. Avant de bifurquer quand le numérique est apparu. Un copain l'a initié au vin. Après un bac pro, il s'est installé sur les coteaux du Loir, passionné par le pineau d'aunis, dont c'est la région de prédilection. Il a tâtonné, fait lui aussi des vins trop végétaux, avec ces goûts prononcés de poivre vert. Puis a compris que c'était un probl