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Libération
Interview

«On défend l’idée d’une ville résiliente, pragmatique»

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A Venise, Yves Lion, le commissaire du pavillon français, présente «Grands & Ensembles».
publié le 26 août 2012 à 19h06

L'Institut français et le ministère de la Culture ont confié à Yves Lion le commissariat du pavillon français à la Biennale de Venise 2012. En s'appuyant sur un territoire de l'est parisien, l'architecte urbaniste propose une réflexion autour des grands ensembles. Né en 1945 à Casablanca (Maroc), il se définit comme un «militant de la ville» qui a œuvré de Strasbourg à Grenoble. Acteur du Grand Paris avec l'équipe du pôle Descartes (à l'est de la capitale), il défend son pari vénitien.

Pourquoi les grands ensembles à Venise, dans une biennale plutôt conceptuelle ?

C’est incongru de parler des grands ensembles à la Biennale de Venise, qui est plutôt snob. Je me suis donné cette liberté. «Common Ground», je l’ai pris dans le sens de «territoire commun», un sujet sensible dans notre pays, pas résolu. Même s’il y a des expériences positives, comme au quartier Neudorf à Strasbourg. C’était la déglingue, c’est là qu’on a inventé les brochettes de voitures. Aujourd’hui, il y a moins de violence, on a bien travaillé avec les élus, le tramway a été essentiel. Mais un tram ne fait pas tout. Il n’y a pas de solution générique, il faut partir de la vie quotidienne des gens. On a trop détruit, stigmatisé les gens qui habitaient les barres. Cette situation difficile m’intéresse. Je suis né au Maroc, je me suis toujours intéressé au sort des travailleurs immigrés, je comprends leur déracinement, on m’a traité de «bougnoule» quand je suis arrivé en France à 15 ans.

Comment réparer ces lieux ?

Jeune, j'ai travaillé deux ans dans des agences qui ne faisaient pas d'architecture, uniquement de