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Libération

Bacchus versant femmes

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Caviste à Paris, Elodie Cadiou dirige le tout nouveau «Et si Bacchus était une femme».
publié le 10 septembre 2012 à 17h12
(mis à jour le 12 septembre 2012 à 23h35)

Le nom de la boutique détonne forcément. «Et si Bacchus était une femme», dans le milieu un tantinet macho du vin, sonne comme une provocation. La propriétaire des lieux, Élodie Cadiou, s'en amuse. Depuis qu'elle a ouvert sa cave au pied de la rue Mouffetard, voilà à peine trois mois, un client est déjà entré, furieux, pour lui demander: «Qu'est-ce qui vous a pris de choisir ce nom?» La sélection de vins, irréprochable, a calmé ses ardeurs. «Je ne suis pas particulièrement féministe, explique Élodie. Dans ma cave, les vignerons sont autant représentés que les vigneronnes.» Pour elle, le «vin féminin» est une «invention de bonhomme», et l'imaginer doux, sucré ou léger, est un amas de clichés.

En revanche, Elodie croit en une approche différente dans la manière de goûter et de parler. «Les femmes expriment leurs sensations tandis que les hommes veulent décrire une technique. Ils vont chercher le défaut et négliger le nez, qui est, en dégustation, l'équivalent des préliminaires pour le sexe…», dit-elle avec un sourire.

Rien ne destinait Elodie au métier de caviste. Au contraire. Sa mère et sa grand-mère étaient alcooliques, et elle, en réaction, ne buvait presque pas. Comme ses parents, elle travaillait dans le cinéma en tant que technicienne. Mais en 2003, une dégustation à Châteauneuf-du-Pape fait office de révélation. Elle s'inscrit à l'université du vin de Suze-la-Rousse, dans la Drôme, et décroche la meilleure not