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Portrait

L’essor corsé des femmes sur l’île de Beauté

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Corse. Jeunes et moins jeunes, elles reprennent de plus en plus souvent les domaines familiaux fondés par leurs pères ou grands-pères. Portraits de quelques vigneronnes passionnées, et bien accrochées à leurs terres.
publié le 10 septembre 2012 à 13h29

Cette heure-là était celle d'un vieux rhum qui réchauffait autant que l'air ambiant. Jean-Noël Luigi se réjouissait encore de la verticale de ses vins (jusqu'en 1988), réalisée un peu plus tôt avec les meilleurs sommeliers corses, sorte d'apéritif à la foire de Luri qui s'ouvrait le lendemain. Installé dans les fauteuils du délicieusement kitch hôtel Caribou, à Porticciolo, Jacques Bianchetti, «monté» pour l'occasion d'Ajaccio, partageait la satisfaction et les Gitanes de son vieil ami. Et puis, évoquant l'avenir, Bianchetti parle de ses filles.

De l'initiation à la transmission Était-ce l'heure ou le rhum, ou les deux ? Mais les mots se coincent dans la gorge tant le vigneron est encore ému en repensant au jour où elles ont décidé de travailler avec lui et de poursuivre l'aventure du Clos Capitoro, entamée en 1856 dans le golfe d'Ajaccio. Jean-Noël Luigi hoche la tête : sa fille Marine l'a aussi rejoint pour produire des blancs et des muscats parmi les plus réputés de Corse, ceux du Clos Nicrosi.

Le lendemain, on retrouve les filles Bianchetti, Mélissa, 27 ans, et éloïse, 25 ans, à la foire de Luri. Difficile d'imaginer tandem plus complémentaire : Mélissa pilote le marketing (c'est ainsi que le Clos Capitoro était, fin mai, le seul domaine corse présent au salon Vinexpo de Hong Kong), et Éloïse dirige la cave… en s'appuyant sur les conseils de son père. Comme Jacques Bianchetti, les deux jeunes femmes se sou­viennent aussi très bien du moment où ell