Il y a douze ans, Noëlla Morantin portait des tailleurs sages, travaillait dans le marketing et adorait le vin. Un jour, dans un bar (à vin), elle discute avec un prof de viticulture qui lui conseille de sauter le pas. A 28 ans, elle range les tailleurs et se lance dans un BTS viti-vini, ce qui inquiétera pour un temps ses parents. Elle enchaîne des stages chez Agnès et René Mosse en Anjou, chez Philippe Pacalet en Bourgogne, chez Marc Pesnot dans la vallée de la Loire. Trois maisons réputées qui travaillent le plus naturellement possible les raisins et le vin. En 2002, sur le salon des vins de Loire, elle rencontre Junko Araï, une importatrice japonaise, star dans son pays, qui possède quelques vignes en Sologne. «Elle a vu les noms des domaines où j'avais fait mes stages, elle savait leur niveau, leur qualité», résume Noëlla.
De femme à femme La Japonaise cherche quelqu'un pour diriger son petit domaine à Pouillé (Loir-et-Cher). Elle prend le risque de le confier à cette jeune fille qui sort de l'école. «Le fait que je sois une femme a peut-être compté, dit Noëlla. Au Japon, son statut de femme chef d'entreprise est très particulier. Là-bas, on est plus souvent "femme de"…» Noëlla commence à travailler, sans trop de matériel. Les gars du pays s'arrêtent, ahuris de voir cette fille qui retravaille les terres, dans un coin où la chimie a pris depuis longtemps le dessus. Certains la prennent en photo. Des vieux s'arrêtent pour lui di