«Je n'ai jamais cru aux vins de femmes ou pour les femmes. Le goût féminin, ça n'existe pas.» Pascale Rivière, la présidente de Vinifilles, annonce la couleur: ne pas s'attendre au moindre discours féministe, sous prétexte que les vigneronnes ne font pas un métier prévu pour les poids plume. «Je n'ai aucune fierté à conduire mon tracteur. Si je pouvais m'en passer, ce serait avec plaisir.»
Et pourtant, en 2009, près de vingt vigneronnes décident de s’associer dans un périmètre sud qui va du château Beaubois de Fanny Molinié Boyer, à quelques kilomètres de Nîmes, jusqu’au domaine Pietri-Geraud de Laetitia Pietri-Clara, à Collioure.
Des vigneronnes en bio, d'autres pas, de grands châteaux, des domaines modestes, des filles qui tiennent seules tous les bouts de la vigne, de la vendange à la commercialisation, et d'autres en couple: Vinifilles se garde de tout sectarisme. «Je n'oublie jamais que du temps de mon grand-père, une femme qui avait ses règles ne rentrait pas dans une cave. Il y a quand même eu une évolution! J'ai beaucoup fréquenté les hommes dans ce métier, la complicité qu'ils peuvent avoir est très différente de celle des femmes entre elles.»
Pascale Rivière aime les réunions Vinifilles pour leur ambiance, mais aussi pour le système d'entraide que l'association a su mettre en œuvre. «Moi, par exemple, je ne comprends pas grand-chose à toute la paperasserie, que ce soit les services des douanes ou les demandes de subventi