Dans un couloir, sur une photo en noir et blanc, Georges Marchais a conservé son air goguenard, du genre «je vous l’avais bien dit». Mais il ne nous avait pas dit Georges que la Mutualité, ce temple de la contestation et des petits matins annonçant les grands soirs, deviendrait, une fois l’an, ce grand souk où l’on vient déguster ce breuvage qui a lui seul résume les turpitudes du capitalisme et de l’impérialisme : le whisky. Un salon de trois jours - il s’est achevé lundi - consacré aux malts, aux blended, aux bourbons, aux ryes, sans compter de nombreux autres alcools que l’on a négligés, et qui permet de se faire une idée sur les tendances actuelles en matière spirituelle, ou plutôt de spiritueux.
D'abord, en hommage à Georges Marchais, un single malt communiste, tout droit venu de la ville de Pradlo, en République tchèque : le Hammer Head. Ce whisky de Bohème accuse 23 ans d'âge, ce qui nous amène à l'année mais oui… de la chute du mur de Berlin. En fait, les dirigeants communistes tchèques, qui n'avaient rien vu venir, avaient décidé de créer un whisky local pour que les prolétaires n'aillent pas enrichir les stipendiés distillateurs capitalistes. Le Hammer Head a donc été élaboré quatre mois avant la fin du régime. Les fûts ayant été découverts par accident il y a un an par ses nouveaux propriétaires, le voilà qui tente une percée sur le marché français. A l'époque, il a été conçu à partir d'une orge locale et a vieilli dans des fûts de chêne tchèque. C