C’était un trou de verdure où chantait une rivière. Un val moussu où paissaient les castors. Puis des hommes sont arrivés et se sont installés près de ses berges ombragées. Ils ont bâti des murs, divisé son lit en deux bras, construit des maisons, des abbayes, des moulins… Sont ensuite venus les tripiers, les teinturiers, les tanneurs qui, tous, y rejetaient leurs déchets. Et un jour, le petit cours d’eau qui sentait bon le bassin parisien s’est mis à empester l’égout et les latrines. Au point que sa couverture s’est imposée comme une mesure d’hygiène incontournable.
On est au XIXe siècle. La Bièvre n'est plus qu'un mince filet puant que l'on cache sous des tonnes de pierres ou que l'on transforme en vidange reliée aux collecteurs centraux. L'ultime tronçon à ciel ouvert a été fermé en 1912. Il y a tout juste cent ans. Depuis, la rivière n'est plus qu'un fantôme, un murmure souterrain qui hante la mauvaise conscience des Parisiens qui l'ont laissée périr. C'est à la recherche de ce courant d'eau-delà que l'on est parti un jour d'été.
Du nom des castors
Temps clair malgré les prévisions d'orages, vent léger. Météo idéale. Aujourd'hui, promenade Sur les traces de la Bièvre parisienne, conformément au titre de l'ouvrage cosigné par Jean Anckaert et Renaud Gagneux. Ce dernier nous reçoit chez lui, dans le XIIIe arrondissement, à quelques mètres du lit de l'ancienne rivière, l'une des passions de ce sexagénaire affable, compositeur féru d'histoire et d'archéologie parisienne - il est notamment