«Une crise de vocation chez les profs ? Pour moi, ce serait inconcevable qu’on ne trouve pas assez d’enseignants, tant cela reste un métier exaltant, altruiste. Bien sûr, quand je vois des jeunes profs, c’est un peu comme quand je vois des jeunes parents avec des nourrissons, je me dis : "Oh les pauvres !"
«Evidemment, je comprends aussi que des bac +5 cherchent à gagner plus. Mais, même si j’ai du mal avec les discours du nouveau ministre qui veut nous transformer en saints laïcs, au risque de donner le sentiment à ceux qui ont des difficultés dans leur classe de déchoir de la République, j’aime enseigner. C’est une exploration infinie.
«A 7 ans, je savais déjà que je serai prof. Je n'ai jamais changé d'avis. Mon premier poste, à 24 ans, était en Seine-Saint-Denis. Dans une ZEP, inaccessible en métro. La veille, j'ai eu horriblement peur. Mais dès la première heure, ça m'a plu. Pendant des années, je me suis battue, pour me perfectionner, faire le calme dans la classe. Je me suis posé 1 200 questions, j'ai fait des tas d'erreurs. Mais je ne suis jamais sentie humiliée, dégradée. J'avais l'impression de faire un travail parfaitement en accord avec mes études. Il y a un côté gratifiant à avoir une classe difficile dans un endroit difficile. Je voulais y arriver. Et puis, au bout de 8-9 ans, alors que j'étais plus à l'aise, j'ai eu du vague à l'âme. Comme si tout à coup, je m'étais aperçue de l'environnement. De l'état de l'établissement. Du système scolaire. Et puis que fait-on