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Libération

Cheverny, clos du Tue-Bœuf : de Delpech à Harrisson

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publié le 18 octobre 2012 à 20h16

L'autre jour, je descendais à la cave pour une affaire de poulet rôti. On était dimanche et il fallait de nouveau un vin joyeux. Ce fut une cuvée la Gravotte du Clos du Tue-Bœuf des frères Puzelat, aux Montils (Loir-et-Cher). En remontant, le nom du département, sur la contre-étiquette, m'avait mis dans la tête la chanson de Michel Delpech : «Ma famille habite dans le Loir-et-Cher, ces gens-là ne font paaas de manières…» Le dîner fut assez sobre mais la soirée s'est prolongée par un long entretien tripartite avec la bouteille et les Aventures d'un gourmand vagabond, de Jim Harrisson.

Au départ, j'avais toujours la petite musique en fond sonore. «Ils passent tout l'automne à creuser des sillons /A r'tourner des hectaaares de terre.» Dans le verre, la framboise faisait la brasse au milieu des notes de terre, de fumé. Les tanins étaient soyeux et joyeux. Il y avait la fraîcheur d'une fermentation semi-carbonique. Elle n'avait pas enlevé les arômes du terroir comme trop souvent, je trouve, ce type de vinification. Parce que, pense Thierry Puzelat, tous les vignerons qui font ces cuvées que l'on dit «glouglous» (faciles à boire) n'ont pas toujours le terroir adéquat, ou bien la conversion de leurs vignes est trop jeune. Il y a le fruit dans le verre, pas le sous-sol. Un jour, l'un de ces vignerons m'a dit qu'il se foutait bien des terroirs et des millésimes. Seul comptait pour lui que le vin soit fruité, qu'il ne fasse pas mal à la tête. Comme un roman