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Libération

Une furieuse envie de braises

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Tu mitonnes . Chaque vendredi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, le barbecue version originale.
Y a des saucisses à se faire... (Photo Steven De Polo. Flickr)
publié le 18 octobre 2012 à 20h16

On va en tortillard vers Vézelay (Yonne) et le plein automne dans un épais brouillard qui transforme la campagne en un théâtre d’ombres et de gelée blanche entre Sens et Joigny. Les feuillages se parent d’or et de brun quand le soleil parvient enfin à soulever cette chape de brume qui rend la végétation humide et luisante. Pour un peu, on aimerait sauter le marchepied de l’omnibus du côté de Laroche-Migennes ; aller ramasser une poignée de calots dans l’une de ces friches qui bordent la voie ferrée et se poser sur un talus où l’on rassemblerait quelques poignées de brindilles pour allumer un petit feu. Car il faut vous dire que l’on a rendez-vous avec Gilles Stassart, journaliste, écrivain et cuisinier, qui a commis avec le photographe Hans Gissinger, un ouvrage beau et rare sur le feu nourricier (1).

Depuis qu'on l'a en mains, ce livre à la couverture charbonnée comme un vieux tronc après un feu de camp nous turlupine tant il nous interroge sur les liens qui unissent depuis la nuit des temps la braise et la bectance. 600°C qu'il s'intitule, c'est la température à laquelle la braise émet son premier rougeoiement. Rendez-vous page 142 et voyez les troncs de braises fumantes qui vont cuire la tête de vache criollo en papillote dans un four de terre creusé à même le sol en Argentine. Avant le feu, c'est une belle tête de bovin résignée avec un œil noir délicatement ourlé de cils blancs posée sur une table de grosses planches. La vache a été saisie dans son ultime abando