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Libération
Tu mitonnes

Pain perdu, vice de retrouvé

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Chaque vendredi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, acte de militance anti-rassis.
(Photo Emmanuel Pierrot. Vu pour Libération / emmanuelpierrot.com)
publié le 15 novembre 2012 à 20h06

Plus à l'heure que M. Buleau, ça ne doit pas exister. Tous les soirs, à sept heures tapantes, il embauche à l'accueil de l'hôtel-restaurant Rubens. Veilleur de nuit qu'il est. Mais lui, il préfère dire «concierge», comme dans les palaces. Il est toujours bien mis derrière son comptoir M. Buleau. Chemise cravate, été comme hiver. Des tons pastel mais aussi des trucs bariolés. En ce moment, il rajoute son inimitable pull débardeur jacquard qu'on lui connaît depuis des lustres. Mais ce qu'on préfère dans sa dégaine, ce sont ses pompes. Des italiennes qui brillent comme un miroir vénitien. Vous pourriez user tous vos vieux slips et vos glandes salivaires sur vos paires de Berluti que vous n'arriveriez pas à la cheville de M.Buleau, question cirage de groles.

Napoléon. Faut dire qu'il a toujours été dans des métiers où il faut être tiré à quatre épingles. Non, il n'était pas julot-casse-croûte M. Buleau. Juste VRP avec «beaucoup de KF», comme il dit. Il parcourait la France dans des berlines allemandes - «J'ai toujours été Mercedes.» Avec le Michelin dans la boîte à gants parce qu'«on n'attrapait pas les clients à la cafétéria Casino».

De cette période, M. Buleau dit : «Je n'ai pas vu passer ma vie», avant d'ajouter «Surtout conjugale, hein ?» Mme Buleau regardait beaucoup les Feux de l'amour. Un jour, elle a éteint le poste et elle est partie. M. Buleau a partagé l'argent de la vent