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Libération

Il y a une bogue dans le potage

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Tu mitonnes . Chaque vendredi, c’est passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, une soupe pour affronter l’hiver.
publié le 29 novembre 2012 à 20h36

Quelle idée de se filer rancard un soir pareil dans ce bled. Que de la neige fondue et de l'ennui à trois tournées de gueuze à la ronde. Faut vraiment qu'on soit accroc à la science horticole de Georges. Ce gars-là a la main verte comme d'autres ont le gosier perpétuellement à sec. C'est un don. Donnez-lui un bout de chiendent et il vous fera le jardin d'Eden. Monsieur Georges, c'est l'orfèvre des planches potagères, le magicien des vergers. Il apprivoise les friches, il dorlote les semis, il cisèle les greffes en fente et en écusson. Alors, pour piger comment planter un arbre, il nous a dit «rendez-vous à la Sainte-Catherine quand tout bois prend racine» et, comme c'est pas le genre de la maison à s'encombrer d'un GPS, il a précisé : «Vous ne pouvez pas vous perdre, je suis connu comme le loup blanc.»

Ensuqué. On débarque donc par le tortillard de 7 heures du soir. Ici, le train se couche avec les poules, même le chef de gare a sorti son bonnet de nuit. Il est déjà ensuqué comme un gigot de 7 heures quand on lui met sous le nez l'adresse de Georges : «La rue de la Bougie ? Voyons voir, c'est pas celle qui prend par la rue des Charbonniers ?» Comme on risque pas de lui répondre, il plisse les paupières : «Ah ben, je vois qu'elle, mais je ne saurais pas vous expliquer simplement comment y aller.» On risque le nom de Monsieur Georges et là, notre chef de gare, il trouve le bon aiguillage. «Fallait le dire plus tôt que vou