L'autre soir, on rentrait par l'ascenseur de minuit trente quand on est tombé sur la dernière bafouille du voisin du 7e. «Mister Beria» qu'on l'a surnommé en référence à Lavrenti Pavlovitch Beria (1899-1953), grand maître du NKVD, l'ancêtre du KGB et âme damnée de Staline. Chez nous, c'est pas le goulag qu'il dirige, Mister Beria, juste la cage d'escalier sur laquelle il fait régner la terreur. Car ce grincheux émérite est un délateur patenté de copropriété, un mouchard assermenté à tous les étages, un roitelet autoproclamé qui règne à coups de diktats et d'oukases. Lui, c'est profession mauvais coucheur option scribouillard. Car, dès qu'il a la bile qui tourne au vinaigre et l'humeur un peu trop pimentée, il nous imprime un dazibao dans le monte-charge. Donc l'autre nuit, Mister Beria a sévi : un billet furonculeux contre les propriétaires de poussettes-cannes, accusés de squatter les escaliers de l'immeuble. Hein que vous avez déjà lu ce genre de saillie dans votre propre cagna ? Nous, on a choisi notre camp pour les tribus de mouflets. Vus les placards à balai qu'ils louent un bras, c'est logique qu'ils garent leur chariot sur le palier. C'est vrai quoi, ils vont quand même pas les suspendre au pommeau de douche pour faire plaisir au grincheux du 7e. Mais voilà, ça lui plaît pas au Beria. Lui, il a beau se pavaner dans un appart grand comme le Kremlin, faut qu'il fasse place nette chez les autres. Alors, il dénonce, il dégoise, il vocifère. C'est vra
Il n’y a pas de fumets sans bœuf
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par Jacky Durand
publié le 13 décembre 2012 à 21h16
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