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Libération

Quetton Saint-Georges, chapon l’artiste

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publié le 13 décembre 2012 à 21h16

Il y a quelques jours, j’avais rendez-vous en début d’après-midi avec un vigneron pour une interview. J’avais bu la semaine précédente l’un de ses côtes de Beaune, plus goûté depuis des années. J’en étais tombé raide dingue. Je comptais évoquer l’affaire aujourd’hui mais il fallait, pour ça, qu’on se parle. Or, je devais, avant le rendez-vous, déjeuner à Paris avec un ami rare. Nous n’avions plus mangé ensemble depuis longtemps et, pour ces retrouvailles, retrouvions un petit restaurant où nous avions, avant, nos habitudes. Le Terminus, à Châtelet.

Bonne chair, bons vins. Le patron avait profité de ces dernières années pour prospérer, tant du côté de la cave, copieuse, que de la panse, rassurante. Le plat du jour était un chapon, préparé avec champignons sauvages et épinards croquants. Nous l’avons adopté, avec pour qu’il ne se sente pas trop seul, un vin du château de l’Engarran, vaste domaine tenu par deux sœurs charmantes. La cuvée Quetton Saint-Georges, 2007, en Saint-Georges-d’Orques (joli terroir et appellation méconnue du Languedoc). Un verre, c’est commode à table, pour masquer ses émotions. Lorsqu’on est content, ou intimidé, de retrouver un ami, on plonge son nez dedans, on sent et on s’absorbe. Un peu comme le cinéma hollywoodien des années 50. Les films étaient bavards mais les acteurs faisaient toujours quelque chose en parlant. Seller un cheval, fumer une cigarette. Le geste ponctue la parole, permet d’accepter les silences. Là, nous parlions de nos vies, de not