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Libération
portrait

François Simon, bouche d’ombre

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Ce critique gastronomique s’avance masqué pour décoder l’évolution des mœurs attablés et des plaisirs exaltés.
publié le 18 décembre 2012 à 19h06

C’est un critique gastronomique talentueux et stylé, au dandysme moqueur et moderniste. C’est aussi un romancier tardif aux écrits luxurieux qui se retrouvent masqués par la faveur compartimentée de ses travaux journaliers. Et c’est encore un hybride multimédia qui met en images ses goûts et dégoûts, chipotant de l’œilleton numérique au creux des faïences, commentant à dent dure comme on casse noisettes.

Tout cela faisait de François Simon une proie rêvée pour une page comme celle-ci. Et tant pis si notre homme officiait et officie encore au Figaro ! On pouvait bien pousser la confraternité jusqu'à ces rivages parfumés, d'autant que le citoyen Simon avouera ingénument avoir toujours «voté à gauche», par «une sorte de bonté», «de sensibilité», et pour s'accorder à une «couleur humaniste», barbouillée peut-être, mais peut-être seulement, sur les murs d'une enfance catho-sociale…

Tout était réuni pour que l'affaire se fasse, sauf le refus radical de l'animal de s'exposer de visu. Son argumentaire était rodé. Depuis vingt ans qu'il livrait sa chronique «Haché Menu» au Figaroscope, il s'invitait incognito dans les restaurants, réservait sous un faux nom et payait l'addition. Il ne pouvait, au risque d'effondrer l'édifice, se prêter à la photo obligée.

L’hésitation fut longue. Quelques années… S’il voulait bien patte blanche montrer, notre homme ne voulait pas visage dévoiler. On trouvait un peu fort de café qu’il exige l’ombre et la lumiè