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Libération

Les Mortiers, en toute élégance

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publié le 20 décembre 2012 à 20h26

C’était au sortir de l’été. Je venais de passer quelques jours dans la Loire, pour visiter des vigneronnes. Il y a pire comme activité. L’une d’elles m’avait rappelé un matin. Elle était bouleversée, venait d’apprendre la mort d’un ami, son ancien professeur d’œnologie, le vigneron Christian Chaussard, président de l’Association des vins naturels français, dans un accident de la route au volant de son tracteur. Je n’avais encore jamais bu ses vins.

Et puis la semaine dernière, semaine de coïncidences. Un midi, un confrère me parle des vins de Chaussard, dont il tapisse sa cave. Puis le lendemain, dans un restaurant, je choisis le Verre des poètes, cuvée d'Emile Hérédia en pineau d'aunis, parce que deux semaines plus tôt une vigneronne m'avait dit que ce vin pouvait l'émouvoir «jusqu'aux larmes». La phrase m'avait saisi. Faut-il être vigneron pour être ému par un vin jusqu'aux larmes ? C'était plein de finesse, de complexité. De l'ordre de la ronce et des mûres à la fin de l'été, au bord des chemins en Ardèche. Troublant pineau d'aunis, cépage faussement rustique. Le restaurant faisant caviste, j'ai demandé en repartant s'il avait un autre vin de ce cépage à me vendre, pour goûter tranquillement à la maison. C'est ainsi que je suis reparti avec Les Mortiers 2008 de Christian Chaussard.

Vigneron à Vouvray, il avait arrêté depuis deux ans lorsqu’en 2001, il a rencontré Nathalie Gaubicher, lors d’un voyage en Suisse. Elle était comédienne, travaillait pour la Com