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Interview

Un parfum peut être «une œuvre d’art»

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Eaux de Cologne, éventails odorants ou patchouli terreux, l’historienne du cinquième sens, ravive nos mémoires olfactives.
publié le 21 décembre 2012 à 20h37

Il y a encore 50 ans, on ne s'achetait pas de parfum, il s'offrait, aux étrennes. Elisabeth de Feydeau, historienne, est l'auteure d'une bible sur le sujet : les Parfums, histoire, anthologie, dictionnaire (1). Ecrire sur le parfum et sur l'odeur est une entreprise délicate : il faut évoquer l'impalpable, l'absence. «De ce qui ne reviendra plus, c'est l'odeur qui me revient», écrivait Barthes et Elisabeth de Feydeau, qui compare le parfum à la musique, parvient à faire en sorte que les «mots sentent». Elle vient aussi de publier l 'Herbier de Marie-Antoinette (2).

Y-a-t-il une recherche du parfum universel ?

Oui, c'est un peu comme une quête du Graal. Mais il faut qu'une odeur rencontre l'inconscient collectif. «Le parfum, c'est l'odeur plus l'homme», disait Jean Giono. Avec le parfum, nous sortons souvent du domaine raisonné et nous entrons dans celui de l'inconscient et de l'instinct. Cette rencontre s'est produite avec le N° 5 de Chanel, ou encore Shalimar de Guerlain, mais ce ne sont jamais des phénomènes instantanés. Le N° 5 n'a pas eu de succès immédiat. Loin d'être universel, le parfum, dans les années 1950, marquait encore des clivages sociaux importants. Il n'était destiné qu'aux classes très aisées. Sinon, on portait des eaux de Cologne, considérées davantage comme des produits de soins ou d'hygiène. Même dans les classes aisées, le parfum était réservé pour des occasions, pour le soir.

C’était l’époque des parfums sur mesure ?

Une dimension artisanale qui perdure plus longtemps en Angleterre qu'en