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Interview

«L’égalité des sexes, ce n’est pas être des clones»

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Sylvie Cromer, sociologue, membre du comité scientifique de l’exposition «Des elles, des ils» :
par Stéphanie Maurice, LILLE, de notre correspondante
publié le 7 janvier 2013 à 20h36

Sylvie Cromer, sociologue, maîtresse de conférences à l’université de Lille-II fait partie du comité scientifique de l’exposition «Des elles, des ils». Elle a particulièrement travaillé sur la représentation des hommes et des femmes dans la littérature enfantine.

Pourquoi une exposition sur l’égalité des sexes à destination des tout-petits ?

L’un des principes de notre société, c’est l’égalité tout court, et donc l’égalité des sexes. C’est le rôle de l’institution - la famille, les structures de la petite enfance, l’école - de transmettre cette valeur de l’égalité. Mais il y a une angoisse qu’on perçoit dès qu’on évoque ce sujet : c’est la crainte que l’on va tous devenir pareils. Notre société reste tiraillée entre la question de la différence des sexes et celle de l’égalité des sexes, et confond deux concepts : celui de l’égalité et de l’identité. C’est ce qui explique que certains, des députés encore dernièrement, évoquent une «rééducation» quand on se pose des questions sur la manière dont on éduque les enfants. Elever les enfants dans l’égalité, ce serait de la propagande. Les laisser faire, ce serait naturel. Mais rien n’est naturel, les sociologues le savent bien. Toute éducation transmet des valeurs, qui s’incarnent dans des normes.

Donc, il ne s’agit pas de nier la différence entre les sexes ?

L’égalité des sexes, cela ne veut pas dire que nous allons tous devenir des clones. Tout individu est unique et différent, mais ce n’est pas une raison pour que nous n’ayons pas tous les mêmes droits.

Mais pourquoi est-ce aussi compliqué dans les écoles, alors que l’égalité est un principe républicain ?

L’école élèverait des neutres, des élèves. Quand on interroge les personnels, ils affirment ne pas faire de différence e