Pour trouver Sang (prononcer San) Hoon Degeimbre, mieux vaut avoir un GPS de dernière génération. De ceux qui vous parlent et à qui vous faites une confiance absolue quand ils vous demandent de tourner dans une route boueuse au fin fond de la Wallonie. Installer là son restaurant l’Air du temps, dans cette région d’Eghezée (près de Namur) qui doit ignorer l’idée même d’office de tourisme, relève sur le papier du suicide économique garanti. Si ce n’était l’histoire de ce bonhomme tout mince, discret et hors norme, dont le regard vous découpe en morceaux. Entre des questionnements sur l’inné et l’acquis et une identité coréenne et/ou wallonne, son parcours à suspens dévoile un artiste qui semble avoir été programmé pour toujours connaître sa destination et ne jamais varier de cap.
Un nom : Sang-Hoon parce que né à Milyang en Corée du Sud et Degeimbre parce que adopté par une famille belge. C'est à l'âge de 5 ans que Sang intègre, avec son frère, une famille de trois enfants. «Mes seuls souvenirs de Corée, de cette période, c'était des sons, les bruits de la nuit d'une chambrée d'une vingtaine d'enfants.» Bienvenue au pays des miracles. A la question incontournable sur son désir de retrouver un jour ses parents, ou, à tout le moins, de retourner en Corée, Sang est sans hésitation. «Non, j'en ai toujours voulu à la Corée de m'avoir abandonné.» Mais si tu ne vas pas à la Corée, la Corée ira à toi. Un beau jour, alors que Sang vient de décrocher sa deuxième étoile