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Libération

Pour la beauté du zeste

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Tu mitonnes !dossier
Tu mitonnes ! Chaque vendredi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, un parfum d’agrume qui vient bouleverser la macédoine et le rôti de porc.
publié le 31 janvier 2013 à 20h16

Tous les mercredis, monsieur Doucet déjeune seul chez lui. Sur la table de la cuisine, son épouse a posé son repas. Froid parce que M. Doucet déteste se servir des appareils ménagers. Sur un set en plastique jaune, il y a une assiette recouverte d’un papier aluminium. Sa femme lui a préparé deux tranches de rôti de porc froid avec de la macédoine de légumes. Sur une autre assiette, elle a disposé un yaourt au bifidus et un fruit de saison.

M. Doucet n'a jamais mangé à la cantine de l'usine parce que «c'est gras et indigeste» et surtout car il a «horreur» des racontars que l'on se répète la bouche pleine. Et puis aussi, il n'aime pas voir les «gars» des ateliers commander des kils de rouge et fricoter avec les filles des bureaux. M. Doucet est le chef comptable de l'usine. Il aime à répéter qu'il a commencé «au bas de l'échelle», «commis». Puis qu'il a grimpé grâce aux «cours du soir».

Quand il rentre chez lui le midi, M. Doucet quitte sa veste en tweed pour son vieux gilet jacquard afin de ne pas tacher ses habits de ville. Il s'assied toujours à la droite de la table en demi-lune, la meilleure place pour suivre le journal de TF1 sur la petite télé posée sur le vaisselier. D'habitude, sa femme se tient à sa droite, elle a juste à allonger le bras vers la gazinière pour se saisir des plats. Mais aujourd'hui donc, M. Doucet est seul. Comme tous les mercredis, Mme Doucet a pris le TER de 12 h 45 pour la grande ville