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Libération

Un homme à l’amer

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publié le 7 février 2013 à 19h16

L’autre jour, j’ai goûté ce qu’était l’enfer. J’étais dans un vaste salon des vins et j’avais perdu l’odorat. Plus aucune cuvée ne faisait frissonner mes narines. En bouche, toutes me paraissaient amères. J’allais de table en table, et chaque gorgée m’arrachait les mêmes gémissements. Un vrai cauchemar. J’avais décidé de voir à quoi ressemble Millésime bio, plus grand salon des vins bio en Europe, et de consacrer du temps à quelques petits rendez-vous off, Le vin des amis, Les affranchis, Biotop. Mais la grippe m’avait mis la main dessus dix jours plus tôt, me secouant comme un prunier. J’avais tenté de lui résister, de continuer à vivre comme si cette fièvre m’était étrangère, qu’elle faisait son intéressante. Et puis elle avait gagné et j’avais fini par me coucher avec elle, bourré de médicaments.

Le salon était ma première sortie. J’attendais beaucoup des petits off, pour leurs sélections prometteuses. Mais le dimanche après-midi, alors que j’arrive motivé, le premier blanc me paraît terne. En bouche, il déborde d’amertume, et pas de celle, légère, qui vous titille le fond de la langue, vous laisse une bouche toute fraîche. Plutôt l’impression de boire une endive non blanchie.

A la table suivante, même catastrophe. Puis de vignerons en vigneronnes, tout reste muet au nez, amer en bouche. L'abus de médicaments m'avait complètement vrillé le palais. Je ne pouvais plus rien goûter. C'était à en pleurer. J'ai retenté ma chance le lendemain, sans plus de succès. Je quittais les