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Libération

Quelques notes de Château Talbot 1995 pour refaire ses gammes

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publié le 14 février 2013 à 20h56

L’autre soir, des bons copains mangeant à la maison, j’ai repris l’idée du gigot de sept heures, dégusté quelques jours plus tôt, en retrouvant le goût (chronique de la semaine dernière). Pris par le boulot, j’ai tardé à installer l’animal dans sa cocotte et ce fut un gigot de six heures. Ce qui n’empêcha pas la viande de se détacher langoureusement des os.

Bousculé, je n’avais pas non plus préparé les vins ; du coup, en rentrant en fin de journée, alors que l’odeur du gigot envahissait la cuisine, je suis descendu à la cave. Plutôt un bordeaux avec le gigot, me disais-je en tâtonnant pour trouver la lumière. Plutôt pomerol ou saint-émilion : le merlot, majoritaire, rend les vins plus souples. Mais finalement j’ai remonté un petit pessac-léognan (La Loubière 2000), et un vieux saint-julien, un Château Talbot 1995, juste parce que j’en avais envie. Et parce que c’était un très bon souvenir.

Il y a une vingtaine d’années, un soir, à la maison, on avait ouvert une bouteille de Château Talbot 1990. On avait bu un verre ou deux, pas plus, et mon palais à peine nubile avait trouvé cela bon. Cela sentait joliment la vanille, le cacao, la biscotte toastée. Des goûts qui viennent de la torréfaction des fûts de chêne, je l’ignorais alors - et je les fuis aujourd’hui. Nous l’avions rebouché puis, au cours des jours suivants, le soir, j’ouvrais la bouteille pour regoûter. J’étais intrigué par les mutations. Le vin évoluait vers les sous-bois, les champignons - ce qui n’est pas bon signe,