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Libération

Un bourgogne blanc et bien lunaire

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Tu mitonnes !dossier
publié le 21 février 2013 à 19h16

J’avais rendez-vous ce soir-là à la Boulangerie, restaurant d’amis à Ménilmontant. J’étais très en avance, il n’y avait encore aucun client. Je me suis installé au bar. Hassan, le chef, m’a apporté pour patienter un petit velouté à sa manière. Hassan a d’excellentes manières. Cette fois, il avait fait cuire les barbes de noix de Saint-Jacques dans du vin blanc, des carottes, un bouquet garni, des échalotes et du vin blanc, avant de réduire très fort, d’ajouter une pointe de bonne crème fraîche et de laisser gonfler là-dedans des algues wakame. J’avais sorti un livre qu’un ami m’avait laissé le matin. Ces instants sont comme des délaissés urbains. Quelque chose de repris sur l’organisation de la vie.

Fabienne m'a posé sur le bar quelques gougères fondantes et un «simple» bourgogne blanc. Un délicieux bourgogne. Antoine Petitprez ne pensait pas faire du vin. Mais, durant la dernière année de ses études d'ingénieur en biochimie, il a réalisé que l'industrie ne «collait pas avec [ses] valeurs». Alors il a tout repris à zéro, fait un BTS «viti-œno» et découvert en stage la biodynamie - qui oriente notamment les travaux du vin en fonction des rythmes lunaires. Il a prolongé d'un diplôme d'ingénieur agronome, en consacrant son mémoire de recherche à «l'influence de la Lune sur la vigne et le vin». Il voulait rationaliser, a mené des observations chez une vingtaine de vignerons bourguignons. Après un passage en Californie pour travailler le zinfandel (cépage de vins