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Libération

Un saint-bris ô minéral (épisode 2)

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publié le 7 mars 2013 à 20h16

Tout était donc parti de cette jolie bouteille de saint-bris, sauvignon travaillé à dix kilomètres d'Auxerre par la famille Goisot (lire Libération du 1er mars ). Pour expliquer son vin, Jean-Hugues était reparti loin en arrière, avait raconté comment son grand-père observait la vigne pour comprendre ses réactions, et réagir ; comment mécanisation et chimie avaient dépossédé la génération suivante d'une partie de son bon sens, de sa sensibilité. Puis son père avait eu un accident cardiaque quand il avait 16 ans et il avait quitté le lycée pour reprendre les vignes.

Un beau terroir, cette vallée de Saint-Bris-le-Vineux. Très calcaire, avec par endroits ces coquilles d'huîtres que l'on trouve aussi dans le Chablisien voisin, et que l'on a retrouvées ensuite en buvant, comme râpées dans le vin. Cela donne une minéralité très particulière. Dans ce sol, on cultive à Saint-Bris du sauvignon - avant, on disait «blanc fumé» dans le coin. Ce cépage était courant au XIXsiècle, quand les vignes françaises gardaient une réjouissante biodiversité. En Bourgogne, seuls les vignerons de Saint-Bris l'ont conservé, puis ils ont obtenu en 2003 une AOC pour cette belle alliance acide d'un cépage et d'une vallée dont les différents terroirs donnent une variation de minéralités légèrement distinctes.

Mais, progressivement, on avait pe