C’est une petite cité de ruelles et de cours intérieures, de hauts murs et de passages obscurs. Tonnerre, dans le sud de l’Yonne, a de beaux restes pour qui sait prendre le temps de s’y perdre un peu et d’y casser la croûte autour des vins du Tonnerrois (1). Pour vous y rendre depuis Paris, oubliez donc le TGV qui trahit le temps et prenez un délicieux tortillard en gare de Bercy. Tiens, essayez donc le train de 7 h 38. C’est un matin tiède et humide où l’hiver joue les prolongations. Le gris s’accroche partout, aux immeubles, au ciel, aux rails. Derrière les vitres du dur, on cherche désespérément un tout petit signe qui nous dirait l’orée du printemps. On finit par attraper un peu de couleur avec les chatons duveteux et dorés accrochés à quelques ramures d’une forêt dénudée. A Laroche-Migennes, une lueur orangée ourle l’horizon. Elle va grandissante en repoussant l’épais plafond bas des nuages gris qui moutonnent au-dessus de la gare ocre et bleu de Tonnerre.
Moulages. Longtemps, on est passé ici sans descendre, ne retenant de cette petite ville bourguignonne que le grand parc traversé par l'allée des poilus avec ses platanes et son monument aux morts. Et puis nous voilà ce matin, désormais d'éclaircie, au milieu d'arbres taillés façon trognes, sur une pelouse maigrichonne où fleurissent des pâquerettes. Il y a aussi une belle fontaine, aussi à sec que rouillée, ornée de moulages de coquilles Saint-Jacques rappelant la proximité du chem