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portrait

Dalila Ladjal. Planteheureuse

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Lors de cueillettes urbaines, cette artiste botaniste fait découvrir aux chefs cuisiniers des plantes aux goûts imprévus.
publié le 14 mai 2013 à 19h06

C’est un matin d’hiver marseillais. Dalila Ladjal rassemble sa vingtaine d’ouailles à la gare Saint-Charles, fait l’appel, enjoint à tout le monde de se munir d’un aller-retour pour Picon-Busserine, direction les quartiers Nord. Vingt minutes plus tard, le petit groupe, à pied d’œuvre, se regroupe autour de la cheftaine et fait silence. Dalila Ladjal n’a pas une voix de stentor, mais elle fait autorité. En matière de botanique, rien de ce qui pousse ne résiste à son désir d’en connaître la nature, l’histoire et les raisons précises de la présence de ces plantes à un endroit donné. Autour d’elle, sont rassemblées une tribu de chefs cuisiniers et leur brigade. Dans cette petite meute de chercheurs permanents, créatifs et curieux, on trouve Alexandre Mazzia (le Ventre de l’architecte), Pierre Giannetti (le Grain de sel) et Arnaud Carton de Grammont (le Café des épices).

A peine a-t-on fait cent mètres dans une cité proche que Dalila Ladjal désigne trois plantes entre bitume et béton à savoir impérativement reconnaître, car à fort potentiel culinaire. Les noms sont déjà tout un programme : mauve sylvestre, robinier et laiteron des champs. Les cuisiniers goûtent, prennent des notes, imaginent les accords possibles, les transformations, les jeux esthétiques dans l'assiette. Dalila Ladjal reprend la main et reste d'abord concentrée sur l'histoire. «Si ce laiteron est là, c'est parce que ses graines à aigrettes lui permettent, en volant, de parcourir la distance entre deux espace