Photo Christophe Maout pour
Libération
Soldat du fournil encore inconnu le 24 avril, Ridha Khadher devient célèbre le 25, en remportant le concours de la meilleure baguette de Paname. Sur les cent cinquante-deux candidates à croquer, le jury certifié ville de Paris, a élevé sa «tradi» au plus haut grade. Et le soldat tient désormais son «pâton» de maréchal, il fournit l’Elysée en baguettes depuis le 13 mai.
Il s'y rend tous les jours, ça lui prend une heure. «Le prix à l'unité a été négocié serré. "C'est la crise", ils m'ont dit.» Ce matin, on l'a accompagné. Le boulanger est taillé comme un Maximus, zéro brioche, biceps de malabar. Ses mains, qui vous dévisseraient la tête à la première tarte, sont impeccables, crémées au Mixa bébé. Son regard brou de noix sourit non-stop. Il s'est changé. Sapé comme un milord, il porte un jean, des pompes de mariage, un blazer sombre, pareil pour le pull-over qu'il trouve trop serré.
Comme Miss France, son mandat de fournisseur de la République est d'une année. De TF1 à CNN, du Brésil au Japon, des radios à l'écrit, la presse s'est entichée du boulanger. On l'a vu partout. «Je ne pensais pas que ce concours ferait autant de bruit. Je crois surtout que mon pain a un peu le goût de l'intégration réussie.» Ce n'est pourtant pas le premier boulanger d'origine tunisienne à qui ce concours fait le coup de la baguette magique. En 2008, Anis Bouabsa, au Duc de la Chapelle (Paris, XVIIIe), était reçu tradi, mention