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Libération
Tu mitonnes

Eloge de la pop cuisine

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Chaque vendredi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, aux fourneaux avec Georges Lang en bande-son.
publié le 13 juin 2013 à 19h56

Cher Monsieur Georges Lang,

on vous écrit du fond de la cuisine où l’on fricasse, mon copain le Grand et moi. C’est point d’heure pour vous causer mais vous et nous, c’est une vieille histoire depuis le temps que l’on vous écoute dans le poste, la nuit, sur RTL. Ça a commencé sur le vieux transistor Brandt de Mémé dans notre piaule de jeunes cons pustulés. Avec le Grand, on était censés piger la géométrie descriptive, bouffer de la cinématique, avaler des gammes d’usinage. Mais au lieu de cela, on préférait se goinfrer des bandes-son de vos émissions et de celles de Bernard Lenoir sur France Inter. On se piquousait avec les Who, Van Halen, Genesis, Hendrix, Fleetwood Mac, Lou Reed, Crosby & Nash, Deep Purple, les Doors… Et tout ça, en loucedé. Parce qu’avec le Grand, on a toujours été précoces dans la fumisterie. C’était du grand art que d’enfumer nos vieux qui nous voyaient déjà tout en haut du Concours général. On savait comme personne déplier nos bouquins, classeurs, tables de logarithmes, une oreille contre la radio, une autre en alerte vers la porte de la chambre et les patrouilles parentales. On avait des gueules d’ange quand on venait nous féliciter pour notre application et que l’on nous conseillait de ne pas veiller trop tard. Le pont-levis à peine relevé, on pouvait alors replonger avec délectation dans Ricky Lee Jones, Tom Waits, les Doobie Brothers et la gnôle de pépé.

Navette. Monsieur Lang, vous étiez aussi là quand on a fait