C’est un vin qui m’est tombé dessus l’autre jour. Je déjeunais tranquillement avec un collègue, lorsqu’il m’a proposé de boire un verre de blanc. Nous étions à la Boîte à sardines, resto marseillais de poisson loin des adresses touristiques ou m’as-tu-vu-quand-je-mange qui parsème le rivage local. Fabien, le patron, sorte d’hyperactif avec la bouille de Roberto Benini, vendait au départ des coquillages. Puis il a ouvert un restaurant, et c’est comme ça qu’en prenant la commande il nous a demandé ce qu’on buvait. Le collègue a insisté. Juste un verre de blanc alors ? Mais un bon verre. C’était un vin de Tavel, le Balazu des Vaussières d’un certain Charmasson. Un vin curieux, très aromatique sans être écœurant, grâce à l’acidité et une jolie pointe d’amertume. Un vin sans soufre, pas totalement droit, mais pas barré non plus. Vin vivant et sensible, différent. Un vin de funambule.
Christian a 57 ans, Nadia 49. Au départ c'est son grand-père à lui qui avait un tout petit peu de vigne. Moins d'un hectare, qu'il vinifiait quand il ne charriait pas les blocs de calcaire d'une carrière. Le village appelait ce grand-père «Balazu», nom d'une sorte de troubadour local. Christian a gardé le surnom, et la vieille parcelle (90 ans désormais). Ses parents à elle venaient de Kabylie, via Laon, dans l'Aisne. Ils ont travaillé comme ouvriers agricoles avant de se lancer, de planter progressivement un peu plus de cinq hectares désormais. Au milieu du grenache poussent des cépages blancs, bourb