Aquoi ça tient le plaisir d’une bonne bière ? Tiens, débarquez un après-midi de juin à Arras, 42 000 habitants, préfecture du Pas-de-Calais. Au sortir de la gare, enfoncez-vous dans le centre-ville où, au détour d’une rue ombrée, vous débouchez sur cet écrin du style baroque flamand que sont la Grand-Place et la place des Héros. Soit 155 maisons à deux étages, avec façades sous pignons à volutes que l’on dirait alignées comme à la parade. Ne vous y trompez pas, il n’y a rien de monotone dans cet ordonnancement de pierres et de briques. Au contraire, il suffit d’une déambulation tranquille sous les arcades de la Grand-Place pour se vautrer dans une débauche de têtes, d’oculus avec guirlandes, de gerbes de blé, d’enseignes et autres décorations sculptées, ciselées dans la pierre (1). Rendez-vous, entre autres, au 49 de la Grand-Place devant la maison des Trois Luppars (2), dont on dit qu’elle est une des plus anciennes demeures (1467). Perdez-vous dans le camaïeu de briques de la façade qui titille le ciel de son pignon pointu, dit joliment «à pas de moineau».
On s'en va ensuite flâner vers la place des Héros, là où s'élèvent l'hôtel de ville et le beffroi, construits entre le XVe et le XVIe siècles, rasés durant la Première Guerre mondiale et reconstruits à l'identique dans les années 20. On ne se lasse pas de goûter ces ripailles du gothique flamboyant, dont la tour de guet surmontée d'un lion d'or tutoie le ciel. «Cet amoncellement de dômes, de pign