Elle est réputée pour sa connaissance de la culture manga au Japon, mais Yukari Fujimoto, professeure à l'université Meiji de Tokyo, s'intéresse aussi aux questions liées à l'identité sexuelle, notamment le changement de sexe et ses représentations culturelles, sur lesquels elle revient pour Libération.
«De plus en plus d’hommes se déguisent. Mais il s’agit d’un phénomène pluriel, qui répond à plusieurs types d’aspirations. Certains hommes, en proie à des troubles de l’identité sexuelle, le font pour se vivre en femme, et vont jusqu’à procéder à une opération pour changer de sexe. D’autres choisissent de s’habiller comme le héros d’un manga, d’un dessin animé, d’un jeu vidéo… C’est ce que l’on désigne sous le terme de "cosplay". Il y a aussi des hommes qui se déguisent pour incarner leur vision de la femme idéale et donc, d’une certaine manière, pour fantasmer. Enfin, d’autres sont animés par un besoin de pénétrer dans un autre univers, se défouler. Se travestir devient en quelque sorte un nouveau type de loisir. Depuis quelque temps, on parle surtout de cette catégorie. La précarité de plus en plus importante dans le monde du travail n’y est sans doute pas étrangère. Il me semble en tout cas que la pression sociale sur les hommes qui se déguisent est de moins en moins forte et qu’ils sont moins vus comme une bizarrerie. J’en connais même qui sont mariés, ont des enfants, et toute la famille est au courant !
«Le travestissement n'est pas un phénomène nouveau au Japon.