Funeste excès, friction perverse, frottement vicieux, toucher déshonnête, souillure clitoridienne, pis : crime contre l'humanité. Inouïe, la litanie accolée à cette «manœuvre malhonnête» qu'on nomme masturbation. Banalement, branlette. Insensé, mais enfin dépassé ? Toujours pas assez, aux yeux du psychiatre, sexologue et anthropologue Philippe Brenot, qui en cette rentrée de tripotage intellectuel a cru bon de se lancer dans un Nouvel éloge de la masturbation (la vraie). Et ce , seize ans après une première incitation à cette pratique solitaire qui, malgré quelques avancées, reste «le tabou le plus intime de la morale sexuelle occidentale. Et puis, mon premier éloge était surtout destiné aux femmes, or il a surtout été lu par des hommes. Alors, je réitère». Total, un ouvrage érudit (1) à destination des deux sexes qui retrace l'historique d'un hic pour mieux en conter ses bienfaits. Décorticage en cinq «M» comme… masturbation.
M comme magique
«C'est beau, bien, bon, agréable, simple…», s'enflamme Philippe Brenot , avant de convoquer la science : «Il est désormais admis que la masturbation est au centre de la sexualité, qu'elle permet l'épanouissement, la maturation et la pérennité de la vie érotique», affirme celui qui dirige les enseignements de sexologie et de sexu alité humaine à l'université Paris-Descartes. Et d'ajouter : «Les difficultés de plaisir et de désir sont d'ailleurs très souvent liées à un manque d'auto-éro