Le mouvement des pères en colère est-il justifié ou est-il à juste titre étrillé par des féministes et taxé par certain(e)s de masculinisme ? Analyse avec François de Singly, sociologue spécialiste de la famille, professeur à l’université Paris-Descartes (1).
Pourquoi une telle effusion de pères séparés depuis le printemps ?
La réponse n’est pas simple car ce mouvement est très désorganisé. Certains mettent en avant la montée d’une frange masculiniste plus radicale, et certains masculinistes en profitent pour se mettre en avant. Mais on ne peut pas prendre les dérives comme seuls indicateurs d’un mouvement. Il s’agit avant tout d’un mouvement de pères, plus que d’un mouvement de défense des hommes. D’ailleurs, penser que réclamer de s’occuper plus de ses enfants renforcerait la domination masculine est une aberration absolue. Il me semble surtout que nous avons affaire à des pères qui veulent devenir des parents comme les autres, qui veulent des droits comme la garde alternée systématique. Il s’agit de revendications égalitaires. Pour moi, c’est un mouvement qui va dans le bon sens, dans l’intérêt de l’enfant. Et je trouve triste qu’il ne soit pas récupéré par les féministes.
Jouer le spectaculaire en montant - entre autres - sur des grues, n’est-ce pas contre-productif ?
Cela permet de faire parler de soi et c’est habile car on est difficilement délogeable à cette altitude ! Sérieusement, le symbole est mal choisi de prendre de la hauteur quand on réclame plus de proximité avec son ou ses enfants. Je ne sais pas si ces mouvements dureront, mais la question de la redéfinition des droits des pères va sans cesse resurgir.
Pourquoi ?
Je crois qu’elle es